L’alimentation durable, quézaco ?
L’alimentation est, avec le transport et l’habitat, l’un des trois postes ayant le plus de poids dans les émissions de gaz à effet de serre des Français. En effet, tout au long de la chaîne alimentaire, une multitude d’acteurs cultivent, produisent, conditionnent, transportent, distribuent, préparent et consomment des denrées, tout en utilisant des ressources naturelles et en produisant des déchets.
Or, si l’homme ne peut arrêter de se nourrir, il peut moduler ses systèmes alimentaires dans une perspective de développement durable. Ainsi, d’après la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les régimes alimentaires doivent, pour être qualifiés de durables, préserver la biodiversité et les écosystèmes, tout en optimisant les ressources naturelles et humaines. Mais ils doivent aussi impérativement contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et rester culturellement acceptables, équitables et accessibles.
Agriculture et environnement, des effets multiples
C’est pourquoi il est difficile, pour les chercheurs, de fournir des conclusions définitives et simplistes sur l’impact de tel ou tel aliment sur l’environnement. L’agriculture et l’élevage, par exemple, impliquent l’utilisation de terres (fertilisation…), d’énergies fossiles (transport, stockage…), ainsi que la gestion des troupeaux (qui émettent des gaz pendant la rumination). Ils ont, de ce fait, des conséquences significatives sur le changement climatique par le biais des fameuses « émissions de « gaz à effet de serre ».
Mais le travail des agriculteurs comme des éleveurs a également des répercussions positives sur l’environnement : stockage de carbone dans le sol des prairies, préservation de la biodiversité et de la qualité des sols, protection contre l’érosion, équilibre des territoires, qualité des paysages, attractivité touristique, maintien de l’activité économique… (voir nos portraits d’éleveurs).
Quid des produits laitiers ?
Par ailleurs, l’impact est variable selon les aliments. Ainsi, la contribution du fromage aux émissions de gaz à effet de serre dans le régime alimentaire des Français est la même que celle des fruits et des légumes, tandis que celle du lait et des autres produits laitiers est encore plus faible. D’ailleurs, il est important de comprendre que la quantité d’aliments ingérés joue un rôle plus important que leur nature sur l’émission des gaz à effet de serre. Si on ne mangeait que des fruits et des légumes, on devrait en consommer davantage, ce qui reviendrait à augmenter les émissions de gaz à effet de serre !
Enfin, à la demande du WWF (World Wildlife Fund), première organisation mondiale de protection de la nature, des chercheurs anglais ont imaginé un régime alimentaire adapté à la population, équilibré et permettant de réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre de la chaîne alimentaire d’ici 2020. Or, leur résultat montre que la part des produits laitiers doit rester significative, du fait de leur importance nutritionnelle.
En bref, la réflexion sur l’alimentation et l’environnement doit absolument tenir compte de la richesse nutritionnelle et culturelle des produits laitiers !
Crédit photo : J.C.COUTAUSSE / CNIEL.