Doté d’une AOC depuis 1991 et d’une AOP depuis 2009, le langres est connu pour la cuvette qui se creuse en son sommet au cours de l’affinage.
Une fontaine sur un fromage
Essentiellement produit dans des petites laiteries de Champagne-Ardenne, le langres existe en 3 formats : le « petit format » (entre 150 g et 250 g) affiné pendant au moins 15 jours ; le « moyen format » (entre 280 g et 350 g) affiné pendant au moins 18 jours ; le « grand format » (entre 800 g et 1300 g) affiné pendant au moins 21 jours. Tous sont cylindriques et… creux dans leur partie supérieure ! Cette cuvette, que l’on appelle « fontaine », est liée à la technique d’affinage du fromage : après l’égouttage du caillé et le démoulage, le langres est salé et affiné sans jamais être retourné. La dépression s’accentue alors de jour en jour, jusqu’à atteindre les 5 millimètres réglementaires du cahier des charges de l’AOP. Pendant l’affinage, ce fromage à pâte molle est lavé avec une solution d’eau salée additionnée de rocou, colorant naturel qui donne à la croûte plissée une belle couleur jaune, orange ou brun-rouge. Sous la croûte, une pâte blanche, crémeuse et fondante entoure un cœur lisse et parfois crayeux. L’ensemble est caractérisé par une odeur pénétrante et un goût typé sans agressivité.
Quel pain pour le langres ?
Le langres mérite un pain à la hauteur de son caractère ! Pour un accord parfait, la croûte et le croquant d’une baguette aux graines mettent idéalement en valeur la consistance crémeuse du fromage, tandis que le sésame grillé renforce son côté chaud et épicé. Plus audacieux, l’accord avec un pain brié s’avère idéal quand l’affinage du langres est poussé et qu’il devient crémeux au point de fuir sa croûte à la découpe : les notes douces et beurrées du pain brié prolongent alors le goût et la texture du fromage en bouche, tout en atténuant le feu des notes les plus chaudes. À éviter : les pains aux fruits séchés, trop sucrés, qui par contraste font trop ressortir l’acidité du langres.
Et en guise de boisson ?
Le mariage régional idéal est celui qui unit le langres avec un champagne blanc de blancs. Frais et beurré, celui-ci adoucit le fromage et le rend encore plus crémeux. Dans le même temps, sa minéralité s’oppose au gras du langres, formant une union remarquable qui joue sur la complémentarité entre deux produits opposés. Plus insolite, le mariage avec un vine Bordeaux, tel un Graves rouge, séduit les inconditionnels du vin rouge : les tanins affinés, la souplesse, la fraîcheur et les parfums de fruits confits du Graves arrondissent le caractère rustique du fromage. Encore plus original, le Meilleur Ouvrier de France François Robin suggère de déguster le langres avec un bon gin, tandis que certains amateurs versent une goutte de marc de Bourgogne ou de champagne directement dans la fontaine pour donner au fromage un petit goût corsé : un délice d’initié à déguster sans excès !
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.