Des effets du confinement sur la santé de nos enfants ?

Publié le 31.05.2021 , mis à jour le 27.10.2022

En ce début de retour à la vie habituelle et en attendant les grandes vacances, il est temps de faire le point pour mesurer si le confinement a altéré la santé de nos enfants et trouver comment y faire face. C’est à l’occasion du Congrès de la Société Française de Pédiatrie que ces questions viennent d’être débattues.

Enfants & alimentation

Lors d’un e-symposium, organisé par le CNIEL, dans le cadre d’une campagne d’information cofinancée par l’Union Européenne, qui encourage la lutte contre la sédentarité et les déséquilibres alimentaires, trois experts ont fait le point sur l’impact de la crise sanitaire sur le mode de vie et le moral dans les familles.

La pandémie, catalyseur de malaises et de mal être

La crise sanitaire, a influencé l’humeur et les modes de vies des parents et par ricochet celui des enfants, notamment autour de 3 axes : l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité.

Chez les enfants de l’école primaire, on note l’apparition de TOC (troubles obsessionnels compulsifs) qui empiètent sur leur quotidien en leur faisant y consacrer plus ou moins de temps .« Ces troubles anxieux de l’humeur sont le résultat du climat d’insécurité lié à l’épidémie, des restrictions dues au confinement et de la difficulté à vivre son adolescence dans un tel contexte » constate le Docteur Revol, Psychiatre, Chef de Service de psychopathologie du développement de l’enfant et de l’adolescent, Hospices Civils de Lyon.

 

Depuis janvier 2021, tous les hôpitaux font face à une forte augmentation de plus de 40% des entrées aux urgences pédiatriques par rapport à avril 2020 pour des motifs psychologiques. On note une explosion des troubles psychologiques avec des idées ou des tentatives de suicide, des scarifications ou encore des troubles des conduites alimentaires (anorexie mentale) chez les jeunes de moins de 15 ans. Cette tendance s’explique par les conditions de vie familiale contrainte par le confinement, puis le couvre-feu qui ont accentué un malaise latent. Il est donc important de souligner que la pandémie n’a pas créé de troubles psychiatriques, elle a été un révélateur des différences et des inégalités sociales, des vulnérabilités cognitives et affectives et surtout des conflits entre générations avec leurs parents.

 

En tant que parent, n’hésitez surtout pas à consulter votre pédiatre ou un médecin si vous vous inquiétez de changement de comportement chez votre enfant (difficultés d’endormissement, troubles du sommeil, repli, manque d’envies…) ou votre adolescent.

Des changements observés dans les comportements alimentaires au sein des familles 

Aurée Salmon-Legagneur, Directrice d’Études et de Recherche au CRÉDOC a expliqué que « pendant le confinement, l’alimentation a pris une place importante dans la vie des Français car les salariés travaillaient à domicile, les enfants ne mangeaient plus à la cantine le midi et donc de nouvelles habitudes de prises alimentaires ont vu le jour (snacking, prise d’encas). »

 

Les choix d’achats alimentaires ont été aussi différents, notamment plus d’achats d’aliments-réconforts. Les enfants ont manifesté plus d’appétit et davantage de plaisir alimentaire. Liées au moral et au stress, la réactivité alimentaire (plus de prises de repas suite à des stimuli externes comme la vue de chocolat/pain, les odeurs de cuisine) et la suralimentation émotionnelle ont également progressé, d’autant plus si l’enfant s’ennuyait.

 

Soumis à beaucoup de stress avec la perméabilité des vies personnelles et professionnelles, avec le télétravail ou le chômage, les habitudes parentales ont évolué. Pendant cette période, les parents ont été plus permissifs avec les règles alimentaires habituelles, et ont davantage cuisiné maison.  Le bon côté ? La cuisine et le DIY, à plusieurs mains, avec les enfants ont gagné du terrain.

 

Une alimentation différente, des conséquences à redouter ?

Les conséquences de ce mode de vie inédit, couplé à certains comportements alimentaires nouveaux, ne deviennent préoccupants que s’ils s’ancrent dans la durée. « Un des risques de modifications du comportement alimentaire dû au confinement est de provoquer des déséquilibres nutritionnels. Pour les éviter, il faut respecter les 4 piliers de l’équilibre nutritionnel qui permettent d’assurer les apports en fer, calcium, acides gras essentiels et phyto-nutriments » expose le Professeur Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques de l’hôpital Trousseau à Paris.

Les 4 piliers de l’équilibre nutritionnel des enfants, selon le Pr.Tounian

Le fer

 « Pour assurer leurs besoins en fer, les enfants et les adolescents doivent manger un produit carné deux fois par jour. Le courant actuel, qui incite à réduire la consommation de viande, est particulièrement inquiétant. »

 

Le calcium

“Les apports conseillés en calcium sont également très élevés, notamment chez l’adolescent (1150 mg/j). Les besoins en calcium doivent être assurés par 3 à 4 produits laitiers par jour selon les dernières recommandations en cours de publication d’un groupe d’experts.”

 

Les acides gras essentiels

« Les apports en acides gras essentiels sont aisément assurés par la consommation d’huiles végétales, notamment d’huile de colza, bien équilibrée en omega-6/omega-3. Le DHA, que l’on trouve dans les poissons gras, est un acide gras nécessaire au bon développement cérébral. Une à deux portions de poissons par semaine dont un gras sont recommandées par l’Anses pour assurer les besoins. »

 

 Les phyto-nutriments

« Les phyto-nutriments sont apportés par les végétaux, il s’agit principalement des fibres et des vitamines B9 et C. Un ou deux végétaux par jour sont donc amplement suffisants pour assurer ces besoins. »

 « Avec le confinement, les Français se sont aperçus que la vie pouvait basculer rapidement, il est donc primordial d’associer le plaisir culinaire au plaisir nutritionnel. »

Patrick Tounian Chef du service de nutrition pédiatrique

Pour être bien dans sa tête et dans son corps

Le confinement a donc modifié en profondeur les habitudes alimentaires des enfants et amplifié leur manque d’activité physique et leur sédentarité. D’où l’importance de retrouver un rythme de vie optimal. Reprendre l’habitude de bouger au quotidien, en profitant des beaux jours qui reviennent pour des activités extérieures loin des écrans. Place aux pique-niques, aux jeux de ballon, aux chasses au trésor, tout est bon pour marcher, courir et s’amuser !

 

En guise de conclusion, Patrick Tounian a trouvé la formule idoine :« Un peu de bon sens et surtout le sens du bon pour retrouver le plaisir ». Voilà le printemps et bientôt l’été, avec une forme d’insouciance et de liberté retrouvées, à partager en famille.

« Un peu de bon sens et surtout le sens du bon pour retrouver le plaisir. »

Patrick Tounian Chef du service de nutrition pédiatrique

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