Enfants et confinement : comment leur éviter une prise de poids ?

Hélène Chantereau :

J’exerce à l’hôpital parisien Trousseau depuis près de 20 ans, où je prends en charge des enfants et des adolescents en surpoids ou obèses. Avant d’ébaucher toute stratégie, j’évalue les possibilités de ces enfants, variables selon le contexte familial. Cela permet de fixer ensemble des repères alimentaires réalistes, qu’ils peuvent s’approprier durablement dans la mesure où l’obésité est une maladie chronique.

HC :

Le confinement a réduit les occasions conviviales et supprimé les sorties au restaurant ou les réunions de famille. Ces conditions peuvent apparaître à certains comme une occasion de recadrer l’alimentation. Mais ajouter un régime restrictif à cette contrainte, serait vraiment trop difficile à supporter. D’ailleurs, pour les enfants, le terme « régime » est inapproprié et aucun aliment ne doit être interdit.

HC :

Bien-sûr, avec toutefois la souplesse imposée par une moindre fréquence d’approvisionnement. A ce propos, les produits surgelés ou en conserve tels que les légumes ou les poissons, sont économiques et de très bonne qualité nutritionnelle : ils peuvent nous simplifier la vie en ce moment ! Le principal est de varier les aliments et de conserver un rythme alimentaire, même si les horaires des repas sont un peu décalés. Sans oublier que l’équilibre se fait sur la journée entière : par exemple, si un enfant a des difficultés à boire du lait, il y a moyen de compenser avec des recettes incluant des produits laitiers (gratin à la Béchamel, salade comportant des cubes de fromage, entremets…). Le week-end, tout est permis en matière d’alimentation. Il est bien de casser le rythme, surtout si on avait cette habitude avant le confinement. On peut instaurer un brunch ou un apéritif dînatoire, composé, comme un repas principal, d’un aliment de chaque famille (féculents, fruits et légumes frais ou secs, viande-poisson ou œuf, produits laitiers…).

HC :

L’activité physique contribue à stabiliser le poids, ne serait-ce parce qu’elle aide à réguler les sensations de faim et de satiété. Bien que les sorties à l’extérieur soient réglementées, pour la santé et le moral, il est bon de prendre l’air, bien-sûr en respectant scrupuleusement les gestes barrières. A la maison, les enfants peuvent se dépenser tout en s’amusant : en dansant et en chantant, en jouant à des jeux vidéo qui font bouger, en pratiquant des exercices en même temps que leurs copains via les applications qui permettent de se retrouver virtuellement.

HC :

La période est particulièrement anxiogène pour eux, puisqu’ils entendent que l’obésité peut aggraver les symptômes en cas d’infection au coronavirus. Ils peuvent avoir envie de grignoter pour se réconforter. Ce n’est pas grave du moment que cela reste occasionnel et en quantité raisonnable : 1 ou 2 biscuits, mais pas le paquet. Il est important qu’ils prennent conscience de la différence entre « J’ai faim » et « Je ne sais pas quoi faire ». Le mieux est de bien organiser leurs journées, avec des activités différentes leur évitant ennui et envies de manger. Et quand arrive l’heure des repas, gare aux portions : un enfant de 6 ans n’a pas les mêmes besoins qu’un ado de 12 ans ou un adulte !