Est-ce vraiment meilleur chez papi et mamie ? On enquête pour vous !

« Mes enfants aiment cuisiner avec leurs grands-parents »

Si vos enfants vous annoncent avec un grand sourire avoir adoré les haricots verts de papi alors que vous déployez des trésors d’inventivité aux repas du soir pour leur faire manger des légumes verts…

Nul besoin de vous vexer, car il y a plein de bonnes raisons à cela !

A commencer par l’implication des enfants dans la préparation des repas. En visite chez les grands-parents, vos petits bouts peuvent se faire un plaisir de partager des tâches de la vie courante dont on n’a pas toujours le temps de profiter au quotidien :

• faire les courses au marché ou chez le primeur,
• cueillir des fruits dans le jardin ou récolter quelques légumes lors d’une cueillette,
• les laver, les équeuter, voire apprendre à éplucher pour les plus grands,
• lire ensemble les ingrédients d’une recette de plat préféré et mesurer les portions…

Autant de moments spéciaux avec papi et mamie, qui permettent aussi de se rendre compte d’où viennent les aliments et de se familiariser avec les moins appréciés – brocoli, épinard, betterave, artichaut… – Mais aussi de forger des souvenirs durables, alliant saveurs, parfums et douceur du moment partagé. Autant de futures Madeleine de Proust !

En participant aussi dans la cuisine, ils nouent un rapport différent aux aliments, et les replacent dans les traditions familiales qui se transmettent de génération en génération, de la fameuse tarte aux pommes de mamie à l’incontournable hachis Parmentier de papi !

« Mes enfants sont moins difficiles chez leurs grands-parents »

La psychologie du développement peut nous éclairer sur ce type de comportement. A la maison, les enfants – dès la fameuse rupture des 2 ans – se définissent petit à petit en se différenciant des parents, et aussi en testant leurs limites ! Cela fait partie de leur processus normal.

Chez les grands-parents, les enjeux sont en général bien plus simples, et les temps de repas plus détendus sans la pression du quotidien. Dans ce contexte, les enfants acceptent bien plus volontiers de prendre le risque de goûter des aliments inhabituels et de faire des compromis en allant au-delà de leurs plats préférés.

Vous avez tout à y gagner : vos enfants goûtent à de nouveaux mets, imitant les cousins plus grands, et s’ouvrent ainsi peu à peu à de nouvelles expériences gustatives, même si vous n’en voyez pas les résultats immédiats à la maison.

« Mes enfants sont plus difficiles chez leurs grands-parents »

Pour certains enfants, la situation est toute différente : ils mangent moins et finissent difficilement leur assiette quand ils sont chez leurs grands-parents. Les carottes qu’ils apprécient râpées ou en flan à la maison, ne passent plus en mode vichy chez papi et mamie…

C’est que les enfants ont des routines alimentaires bien établies à la maison, basées sur des saveurs ou des marques de produits auxquelles ils sont habitués. Il peut être ainsi difficile d’accepter le rituel de la soupe à la tomate (ou de concombre !) en été ou la salade composée servie avec un assaisonnement différent. Certains mets pourtant appréciés peuvent avoir une texture modifiée selon le mode de cuisson, l’ajout ou non de crème sur des pommes de terre ou de fromage pour gratiner… Le palais des enfants se développe et leur permet de sentir ces nuances, sans pour autant les apprécier du premier coup.

Une piste pour y remédier, sans se vexer et sans imposer un changement chez les uns ou les autres : échanger des idées de recettes, entre votre cuisine et celle de vos parents. Régulièrement, préparez un plat “à la manière de papi-mamie” tandis que ceux-ci préparent l’une de vos recettes-phares lors de la prochaine visite de vos enfants. Vous amorcez ainsi une continuité de saveurs et de styles culinaires entre vos tables, qui encourage vos enfants à accepter les variantes de leurs aliments habituels.

« Les règles sont plus souples chez les grands-parents : est-ce un problème ? »

Si les repas sont « meilleurs » chez les grands-parents, c’est peut-être parce que ces derniers autorisent toutes les gourmandises. Les grands-parents « gâteau » se mettent en quatre pour faire plaisir à leurs petits-enfants et développent une relation toute en petits plaisirs.

Autour des repas, ils sont souvent tentés de privilégier les plats préférés des enfants et d’offrir une escapade fast-food avec frites et nuggets de poulet, des boissons sucrées, friandises ou des desserts un peu trop riches… et encore, on ne parle pas des goûters bien copieux ! Tout cela part bien sûr d’une bonne intention, et crée des souvenirs uniques pour les enfants autour de ces moments de complicité.

La science alimentaire évolue sans cesse, et certains grands principes de nutrition ont bien changé depuis la génération de vos parents. Cela peut donc être une bonne idée de prendre le temps d’en parler ensemble, et de communiquer autour des habitudes alimentaires que vous avez établies chez vous – en expliquant le pourquoi du comment.

A aborder par exemple, le fait que les jus de fruits industriels sont tout aussi riches en sucre que les sodas, ou que les produits au lait cru sont à éviter chez les plus jeunes…

Sans imposer de règles contraignantes, vous pouvez établir ensemble des principes de base simples et pratiques pour les repas de vos enfants. Il ne vous reste plus qu’à faire confiance à vos parents pour les aménager à leur façon !

Ce qui est certain, c’est qu’il ne s’agit pas d’une compétition culinaire ni même affective ! Vos enfants apprennent ainsi que les habitudes et les traditions autour de la nourriture varient, même à l’intérieur de la famille. Cela les aidera à s’adapter aux repas à la cantine ou aux invitations chez des amis. Surtout, au-delà de ce temps à table et des futures recettes préférées des enfants, ils collectionnent de précieux souvenirs des journées passées avec papi et mamie, bien ancrés dans leurs papilles !