On imagine à quel point le Père Noël doit être rassasié après avoir dévoré quelques millions de collations gentiment offertes par les enfants du monde entier. Car dans de nombreuses familles, il est de tradition de laisser au généreux bienfaiteur de quoi se sustenter pendant la nuit de Noël.
Lait et sucreries : l’en-cas préféré du Père Noël
Parmi les mets laissés au Père Noël par les enfants avant d’aller se coucher, le verre de lait est roi, notamment en Amérique du Nord où il est accompagné de cookies. Ce festin est parfois complété par quelques carottes pour les valeureux rennes, sans qui le traîneau du Père Noël serait bien en peine ! Parfaitement repue, la joyeuse équipe peut reprendre sa tournée.
Au Royaume-Uni, les cookies sont remplacés par une mince pie, petite tourte de pâte brisée fourrée de fruits confits et épicés, que l’on confectionne systématiquement à l’occasion des fêtes de fin d’année. Au cas où le Père Noël aurait besoin de se réchauffer, on lui laisse également un verre de sherry (xérès) ou encore une bière, voire un verre de Scotch whisky. Une bière bien fraîche supplée aussi le lait en Australie, où Noël se déroule en plein été. À noter, pour remonter vers le pôle Nord, que les Danois offrent au Père Noël une part de riz au lait.
En France, les gourmandises sont variées, généralement issues du repas du réveillon ou des traditions culinaires locales : verre de lait ou bol de café au lait, truffes au chocolat, sablés, bredele, clémentines, fruits secs… Bien entendu, le 25 décembre au matin, les denrées ont entièrement disparu, ou presque : le Père Noël, qui n’a pas manqué de vider son verre de lait, était sans doute très pressé pour laisser autant de miettes !
Une tradition aux origines incertaines
Mais pourquoi offre-t-on au Père Noël à boire et à manger ? Il faut d’abord se souvenir que le personnage replet, barbu et vêtu d’un costume rouge n’a pas toujours existé. Il semble synthétiser plusieurs légendes, traditions et personnages issus de l’histoire et des mythologies européennes. En particulier, dès avant la christianisation, les Européens célébraient à la fin du mois de décembre le passage du solstice d’hiver : décorations, festins partagés et cadeaux clamaient la joie de voir les jours allonger, annonçant le retour proche du printemps. Au cœur de la saison froide, il fallait se donner du cœur à l’ouvrage, se serrer les coudes et aider les plus démunis, notamment les enfants.
L’Église catholique, fixant au 25 décembre la naissance du Christ, remplaça ces festivités païennes par une fête religieuse. Dans le même temps, Saint Nicolas, protecteur des enfants et renommé pour sa charité, se mit à faire l’objet de célébrations dans l’Europe germanique médiévale. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, il déposait des menus présents aux enfants sages, tandis que sa monture se restaurait grâce aux légumes laissés pour cet usage. Au fil des migrations, les fêtes de la Saint Nicolas se diffusèrent dans une partie de l’Europe et surtout aux États-Unis, où il devint Santa Claus et rencontra un franc succès. De fil en aiguille, la distribution de jouets glissa au 25 décembre* et la légende du Père Noël se précisa. Après la Deuxième Guerre mondiale, le personnage tel qu’on le représente aujourd’hui conquit l’Europe.
Les offrandes alimentaires au Père Noël rappellent ainsi plusieurs traditions d’antan, issues de pays où les produits laitiers occupent une place centrale. De plus, quel don plus symbolique qu’un verre de lait, aliment nourricier par excellence et emblème de l’enfance ? Enfin, pour ne rien gâcher, le lait constitue un ingrédient idéal pour la santé du Père Noël : il lui permet de garder des os solides et de récupérer comme il se doit après une nuit qui s’apparente à une séance de sport intensive !
* La célébration de Saint Nicolas est toutefois restée vivace dans les pays de tradition germanique et dans l’Est de la France.