Dans les fermes, des éleveurs responsables de leur environnement
Au-delà des atouts naturels de l’élevage laitier, les éleveurs mettent en place des mesures concrètes pour diminuer leur impact environnemental. Le parcours du lait commence en effet dans les 63 600 fermes laitières françaises, où les éleveurs manifestent jour après jour leur volonté de préserver l’environnement dans lequel ils vivent et travaillent quotidiennement :
- Ils produisent 90 % de l’alimentation des troupeaux sur la ferme, limitant l’utilisation de produits phytosanitaires et le transport.
- Ils ont amélioré leurs pratiques de fertilisation des cultures en réduisant les engrais chimiques et en stockant les déjections animales pour pouvoir les épandre au bon moment.
- Ils ont également recours à de nombreuses procédés techniques pour limiter leurs dépenses en énergie (récupération de la chaleur du lait par exemple), produisant parfois leur énergie renouvelable au sein des exploitations comme avec la méthanisation.
« Ma ferme émet peu de gaz à effet de serre. Je travaille en polyculture élevage, c’est-à-dire que je cultive du blé, des petits pois, du colza ou encore du lin fibre pour la vente, sur 110 hectares. Je réserve 45 hectares à la production d’une alimentation de qualité pour mes vaches : maïs ensilage, prairie… Les terres cultivées sont fertilisées grâce aux déjections des vaches, ce qui permet de diminuer l’utilisation d’engrais. Lors de la traite, j’utilise un pré-refroidisseur. Je récupère les eaux de pluie, qui, une fois filtrées, sont distribuées aux vaches. Les bâches qui protègent les fourrages des vaches sont également recyclées. Pour soigner les vaches, j’ai régulièrement recours à l’homéopathie. Tous ces gestes sont écologiques, mais ils représentent aussi un gain économique pour ma ferme. »
Thierry, éleveur laitier dans l’Eure, engagé dans une Ferme laitière bas-carbone
Par ailleurs, l’élevage laitier ne consomme pas beaucoup d’eau : il faut en moyenne 10 litres d’eau pour produire 1 litre de lait. Ce chiffre comprend l’eau nécessaire par exemple pour abreuver les animaux (une vache boit en moyenne 50 litres d’eau par jour), laver la salle de traite et ses équipements voire exceptionnellement pour irriguer les fourrages dans les régions les plus sèches.
De plus, les éleveurs laitiers élaborent des stratégies pour réduire encore plus la consommation de leur ferme (nettoyage économe, lutte contre les fuites, récupération des eaux de pluie, utilisation de l’eau tiédie par le pré-refroidisseur pour allaiter les veaux…).
« Nous sommes dans une zone relativement sèche et nous avons pour projet de créer un lac artificiel d’une surface de 2 hectares et d’une capacité de 80 000 mètres cubes. La sécheresse est de plus en plus fréquente et, l’idée, c’est de pouvoir irriguer le maïs sans difficulté. Il faut creuser un trou, construire des digues… Bref, ce n’est pas simple et on doit obtenir des autorisations. Au final, cela nous permettra de stocker l’eau de pluie en hiver pour arroser en été. C’est notre plus grand pari aujourd’hui. J’espère sincèrement qu’on y arrivera, d’autant plus que mon fils de 21 ans souhaite reprendre l’exploitation. »
François, éleveur dans les Landes
Ils mettent également en place des pratiques pour limiter la pollution de l’eau, telle la construction de fosses récupérant toutes les déjections (bouses et lisier). Ces déjections sont recyclées car épandues comme engrais sur les cultures. Mais la réglementation n’autorise ces épandages que sur les parcelles et les sols appropriés, pour des quantités de déjections nécessaires à la pousse des plantes, et ce seulement pendant des périodes définies (hors hiver et période de gel par exemple). Des contrôles très stricts sont effectués régulièrement.
« Ma ferme, ce sont 156 hectares de cultures et de prairies, 70 vaches laitières et… 19 bassins piscicoles ! J’y élève surtout des poissons d’ornement. Le tout forme un véritable cercle vertueux. Pour schématiser, les déjections liquides des vaches laitières sont récupérées dans l’étable. Elles sont déversées dans l’étang où elles nourrissent les phytoplanctons qui nourrissent eux-mêmes les zooplanctons, pour arriver enfin aux larves et aux poissons dans les bassins. C’est donc une “chaîne alimentaire aquatique” qui commence avec les vaches. Cette technique de dépollution des eaux naturelle et écologique s’appelle le lagunage, mais nous allons encore plus loin que les projets habituels, car une partie de l’eau sert ensuite à arroser les cultures qui nourrissent le troupeau. La boucle est bouclée ! »
Hélène, éleveuse dans le Berry