Le régime omnivore pour nous et pour la planète
Publié le 05.07.2019 , mis à jour le 25.10.2022
Peut-on manger de tout, tout en respectant la planète ? Le régime omnivore durable existe-t-il ? Anne Mottet, en charge des politiques d’élevage à la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation, nous répond.
Milk Planet :Le régime omnivore peut-il être respectueux de la planète ?
Anne Mottet :A la FAO, notre travail c’est la sécurité alimentaire et la nutrition, garantir une alimentation suffisante qui permette à tout le monde de vivre une vie active et saine. Or, on ne peut pas tout produire partout, et on ne peut pas dire à tout le monde de manger la même chose car on n’a pas du tout les mêmes besoins ! Il faut garder ça en tête lorsque l’on parle agriculture, environnement, et alimentation.
Bien sûr, la question de l’impact sur l’environnement de nos régimes alimentaires ne peut être ignorée. Il faut se demander : « Qu’est ce qui est nécessaire en termes de nutrition ? », et « Quels sont les impacts de notre production sur l’environnement ? »
En d’autres termes, comment on peut améliorer l’un tout en limitant l’autre.
MP :Peut-on donc avoir un régime omnivore durable ?
AM :Le régime omnivore durable existe ! Il a des intérêts de santé et des intérêts environnementaux.
Par exemple, il permet d’utiliser les surfaces enherbées grâce aux ruminants et tout un tas de résidus de culture, de sous-produits de l’industrie agroalimentaire que les humains ne peuvent pas manger, les tourteaux, les pailles de céréale, la mélasse de l’industrie sucrière, les sons de céréales dont on ne peut pas consommer la totalité en alimentation humaine…
Tous ces produits-là, les animaux permettent de les recycler et de les transformer en quelque chose que l’humain peut consommer. C’est un atout du régime omnivore, qui participe à ce qu’on appelle la bioéconomie circulaire.
Bien sûr, le régime omnivore est aussi le plus simple pour une alimentation équilibrée. Les protéines, le fer et d’autres nutriments sont de meilleure qualité et surtout plus disponibles dans les produits animaux que dans les légumes, céréales et légumineuses. 820 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde et encore plus de malnutrition, anémies ou retards de croissance.
Mais il y a aussi plus de 600 millions de gens en surpoids, qui consomment beaucoup trop, et de tout ! Trop de sucre, trop de gras, et aussi trop de viande… Il y a donc des endroits où il faut manger moins, de tout, y compris des produits animaux, et des endroits ou au contraire il faut manger plus.
C’est un curseur qui est difficile à placer, et qui ne peut pas être homogène, il faut avoir en tête la diversité des situations, des productions, l’accès à la nourriture…
Anne Mottet en charge des politiques d’élevage à la FAO“Le régime omnivore est le plus simple pour une alimentation équilibrée.”
MP :Quelles sont les solutions ?
AM :Il ne s’agit pas d’opposer le mode de production industriel à ceux des petits producteurs, mais plutôt de se dire, dans chaque type de production tels qu’ils se sont développés, que peut-on peut améliorer ?
En Europe on parle de production industrielle mais on est déjà à une échelle moindre que ce que l’on peut voir aux États-Unis ou en Chine. Il y a quand même des améliorations possibles sur l’efficience, par exemple en essayant de choisir des sources d’alimentation pour les animaux qui ne soient pas en concurrence avec l’alimentation humaine, comme remplacer les céréales par des fourrages types luzerne, on peut aussi travailler sur la gestion des effluents, sur la qualité des produits, sur le bien-être animal…
Et puis, en moyenne, 30% de ce que l’on produit est perdu ou part à la poubelle ! Toutes les pertes dans la chaine de production, plus le gaspillage dont on est directement responsable en tant que consommateurs, ont un poids environnemental. Si on ne produisait pas cette part, ou bien si elle était redistribuée là où il y a des manques, notre impact serait réduit.
Ce n’est donc pas qu’une question de politique agricole, il s’agit aussi de politiques de filières et d’éducation du public sur notre façon de consommer. C’est sur ça que les décideurs doivent travailler, avec l’aide de la FAO.
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