Découper et râper : Tout un art
La France a inventé les arts de la table. Elle aurait peu à dire question arts de la cuisine. Tiroirs, placards, caves, grands-mères regorgent d’ustensiles divers, officiellement à usage unique. Officieusement, leurs fonctions s’avèrent multiples. Des vis qui ne servent qu’à couper les ananas, des boîtes jaunes en forme de banane qui ne servent qu’à ranger les bananes, des raquettes en alu qui ne servent qu’à couper les avocats… Vider ses tiroirs, c’est comme vider un coffre à jouets. On retrouve forcément de petits ustensiles qui ne servent soit à rien, soit à tout. Comme l’économe qui transforme en un geste, une courgette en tagliatelles ou en colonne de Buren (n’ôter qu’une peau sur deux). Ou la râpe et pas n’importe laquelle. Celle à truffes, à fromage, à ail, à gingembre, à petits zestes, à gros zestes, à coco, à spaetzle, à épices, à pieds, à savon… chacun a sa préférée. Car là où les robots tranchent et hachent en quelques secondes, le fer blanc au bout de la main, affine, respecte et précise. La découpe est un art. Ainsi, les carottes, râpées finement à la main, renferment une saveur et une humidité qu’aucune machine ne saurait préserver. Les plus malins sauront qu’il faut détourner, pour cet usage, la moulinette à fromage plutôt que de laisser le bout de ses doigts sur le tranchant de sa consœur plate. Sa sœurette à 4 faces, avec sa forme de barre d’immeuble, recèle, elle, des fonctions universelles.