À quoi sert l’emballage des fromages ?
Comme tous les emballages alimentaires, il revêt d’abord des fonctions liées à la maîtrise du temps et de l’espace : conservation du fromage, stockage, protection et transport. L’emballage fait en effet office de barrière contre les agressions extérieures. Mais il permet également de fournir des informations au consommateur, en particulier des éléments réglementaires et des précisions sur son emploi : composition, date limite de consommation (DLC) ou date limite d’utilisation optimale (DLUO), nom et coordonnées du responsable de la commercialisation, marque de salubrité, code barre, logos de recyclage… Dans un contexte concurrentiel, l’emballage est enfin un outil de communication : il s’agit de séduire les consommateurs en faisant appel à des graphistes et designers spécialistes du packaging. Mais avant de devenir cet objet élaboré, comment l’emballage fromager a-t-il évolué ?
De l’estomac au « tircel »
Au niveau historique, l’invention du fromage se confond avec celle de son premier emballage, qui n’est autre… qu’un estomac de ruminant ! Pour les spécialistes, c’est en effet au cours de la préhistoire que l’homme découvrit, en dépeçant les jeunes ruminants après la chasse, le procédé permettant de fabriquer le fromage grâce à la présence de présure, l’enzyme naturelle qui accélère le caillage du lait. Après cette découverte originelle, les hommes utilisèrent les matériaux que la nature mettait à leur disposition (peaux, feuilles, herbes…) puis, avec l’émergence du commerce international, inventèrent des emballages de plus en plus élaborés. Par exemple, dès le Moyen Âge, les commerçants hollandais firent voyager leurs fromages (edam, gouda) dans toute l’Europe grâce à une protection en cire doublant leur croûte épaisse. Aujourd’hui, les emballages sont modernes, multiples et adaptés à tous les types de fromages : bois, papier, cire ou paraffine, aluminium, carton, plastique… Les ingénieurs rivalisent d’ingéniosité pour répondre aux besoins des consommateurs, tel Jean-Claude Weber qui, dans les années 1980, inventa le fameux système d’ouverture (« tircel ») permettant d’ouvrir facilement et dans son intégralité l’enveloppe d’aluminium entourant les portions de Vache qui rit.
Un cas d’école : la boîte de camembert
Mais si on ne devait retenir qu’un emballage fromager, ce serait celui du mythique camembert ! Au XIXe siècle, les délicats fromages arrivaient sur les étals des revendeurs en piteux état, abîmés par les chocs du transport et de la manutention, après un voyage sur un simple lit de paille. Heureusement, vers 1890, un événement changea l’histoire du plus célèbre des fromages français : l’invention de la boîte en bois destinée à emballer le camembert. Le récit le plus répandu attribue son origine à un certain Ridel : cet ingénieur originaire de Vimoutiers, en Normandie, conçut alors la machine à fabriquer des boîtes de fromage en bois de peuplier. D’autres historiens estiment que c’est l’exportateur Alphonse Rousset qui eut l’idée de conditionner ainsi le précieux fromage. Quoi qu’il en soit, la praticité de cet emballage simple, naturel et efficace permit au camembert de gravir les marches du succès. Aujourd’hui encore, les boîtes sont simplement faites de peuplier ou parfois d’épicéa. Une réserve toutefois : la France est aujourd’hui menacée par une pénurie de peupliers à l’horizon 2020. Pour éviter que le camembert ne soit vendu, d’ici là, dans des boîtes en plastique, une seule solution : planter des peupliers !
> Un lieu à découvrir : le Lactopôle de Laval pour découvrir de véritables exemplaires des emballages fromagers.
Crédit photo : Groupe Bel / Tristan Paviot.