Préparation physique : comment aborder le retour à l’entraînement ?
Publié le 29.05.2020 , mis à jour le 27.10.2022
Préparateur physique expérimenté dans le football et l’aviron et accompagnateur de performance, Valentin Pichol sait l’importance de la reprise pour un sportif de haut niveau, après une période si particulière de confinement. Risques, enjeux et conseils, il a répondu à toutes nos questions.
Milkandmove :Quelles conséquences suite à l’interruption de sport pendant une période si longue ?
Valentin Pichol :Concernant le « désentraînement », il y a plusieurs « désadaptations » créées quelque soit le sport : la désadaptation centrale qui regroupe tout ce qui est métabolique, cardio-vasculaire et respiratoire. Ensuite, la plus compliquée à gérer c’est la désadaptation périphérique, qui est musculaire, musculo-tendineuse et nerveuse.
Tout cela va varier selon le type de confinement de l’athlète, le niveau d’activité qu’il a eu, et de son niveau sportif initial. On se rend compte quand même que le désentrainement est dû à un manque d’activité physique, mais aussi à un manque d’activité quotidienne. « Canapé-lit », c’est ce qui cause aujourd’hui une grosse partie du désentraînement.
Milkandmove :Comment on s’adapte à ça à votre niveau ?
VP :Je n’aime pas parler de « réathlétisation », mais plutôt de « reconditionnement ». Il va falloir faire un état des lieux, après avoir fait un bilan médical. L’état des lieux est plus facile à faire si on a fait un bon suivi pour les préparateurs, et pris les marqueurs chez les sportifs pendant la période de confinement. Ce sera plus simple d’évaluer la reprise, c’est plus compliqué pour les sportifs amateurs. Une chose va nous aider selon moi, ce sont les pathologies et déséquilibres antérieurs, les blessures récurrentes du sportif.
Milkandmove :Combien de temps pour retrouver son niveau d’avant confinement ?
VP :Tout dépend des marqueurs qu’on a pris pendant la période de confinement, du type de désentraînement, et de l’aspect psychologique de l’athlète. On fonctionne au cas par cas. Se donner une date, ce n’est pas possible. Ce qui est sûr qu’il faut travailler progressivement, ne pas aller trop vite.
Milkandmove :Y a t-il une possibilité que le sportif ne retrouve jamais son niveau d’avant ?
VP :Je ne pense pas. D’habitude les périodes de coupure durent 2-3 semaines. On a perdu du volume, de la qualité, des capacités, mais ne pas avoir de calendrier de compétition prochainement, ça va nous permettre de reconditionner correctement le sportif. Je ne suis pas trop inquiet, mais il ne faut pas aller trop vite.
Milkandmove :L’alimentation a t-elle un rôle à jouer ?
VP :Evidemment, si ce n’est que l’hygiène de vie c’est déjà ce qui a amené la baisse de performance pendant le confinement. Pour nous, c’est primordial que l’hygiène de vie et l’alimentation notamment, soient en adéquation avec les activités qui vont reprendre.
Milkandmove :Dans une période de reprise telle que celle-ci, faut-il privilégier certains aliments, en exclure d’autres ?
VP :En terme d’aliments, en particulier rien de nouveau. Certains ont sans doute réappris à manger, en privilégiant des aliments provenant de circuits courts, et de meilleure qualité. En terme d’apports, avec la reprise, il faudra les réajuster et sans doute les voir à la hausse. Les bonnes habitudes prises pour certains pendant le confinement doivent être conservées. Privilégier des assiettes colorées, et une hydratation adaptée.
Milkandmove :Un bon conseil pour un sportif qui reprend ?
VP :Il ne faut pas vouloir repartir en ayant le même niveau qu’avant le confinement. Psychologiquement ça va être stressant. Il faut prendre le temps, mais cela se gère au cas par cas. Egalement, il ne faut pas se comparer. Nous aurons tous un caractère singulier dans nos réactions. Prenons-en conscience et adaptons-nous de manière progressive !
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