Quand et pourquoi avez-vous investi dans un robot de traite ?
Nous avons acheté notre premier robot en 2001 afin d’alléger notre travail et pouvoir continuer à mener de front nos deux activités, polyculture et élevage. C’était notre mère qui s’occupait des deux traites quotidiennes. Quand elle a pris sa retraite, nous avons donc étudié la possibilité d’acquérir un robot. Il en est ressorti que malgré un investissement de départ assez élevé, il nous coûterait moins cher qu’un salarié. Nous nous sommes donc lancés nous étions les deuxièmes en France ! En 2008, l’exploitation s’est agrandie et nous avons installé un nouveau robot dans un nouveau bâtiment, en supprimant l’ancien.
Quels ont été les changements d’organisation pour vous ?
Le robot est programmable et il effectue la traite des vaches laitières sans notre intervention directe, vingt-quatre heures sur vingt-quatre : toutes les opérations sont automatisées et adaptées aux vaches, chacune d’entre elles portant un collier avec un numéro électronique individuel permettant au robot de l’identifier. Par exemple, certaines sont en fin de lactation et ne sont traites qu’une fois par jour, d’autres cinq. Quand elles passent dans la salle, le robot sait si elles doivent être traites ou pas. Le cas échéant, les barrières se ferment, les pis sont nettoyés et la vache traite jusqu’à ce que la quantité programmée soit atteinte. Le robot analyse ensuite le lait et l’envoie dans des tanks. Bref, le robot nous a dégagés de cette contrainte, ce qui nous permet de consacrer plus de temps au reste de l’exploitation.
Quels ont été les ajustements pour prendre soin du troupeau ?
La traite est habituellement un moment privilégié pour observer les vaches. Le robot doit donc pallier notre absence en recueillant et en enregistrant des données : poids de la vache, temps de traite, détection des éventuelles mammites, production attendue et réalisée, débit de lait… En cas de problème, par exemple si une vache ne passe pas dans le box, le robot envoie une alerte sur nos téléphones portables. Finalement, une grande partie du travail manuel est compensée par une analyse quotidienne des données produites par le robot.
Le robot favorise-t-il le bien-être animal ?
Bien sûr, en tout cas si on le souhaite ! Quand nous avons délocalisé l’étable en 2008 et acheté un nouveau robot, le bâtiment a été entièrement conçu autour du ration alimentaire : les vaches dorment sur de la paille et elles sont libres de se promener à leur guise. Par exemple, du printemps à l’automne, le robot ouvre les portes de l’étable du matin au soir, afin que les bêtes puissent pâturer à l’extérieur. Au départ, il faut leur apprendre le chemin, mais cela va très vite car non seulement elles ont besoin d’être traites, mais de la nourriture les attend dans la salle pour les motiver. En 2010, nous avons obtenu le prix national de la plus belle exploitation de France et nous ouvrons nos portes chaque année à l’occasion des journées du patrimoine : les visiteurs sont les bienvenus pour voir à quel point nos vaches sont heureuses !
Si c’était à refaire, reprendriez-vous un robot ?
Oui, et d’ailleurs, nous l’avons fait en 2008, après avoir tenté l’expérience en 2001. Le robot nous fait gagner deux heures et demi de travail par jour. Certes, il faut être motivé pour le gérer et aimer l’outil informatique, mais avant 2001, nous avions déjà une salle de traite électronique, gérée par ordinateur. Nous étions donc à l’aise avec cette approche. Une fois le robot pris en main, c’est une grande liberté sur laquelle nous ne reviendrions pour rien au monde !