Une fermière au pied des HLM

Publié le 27.09.2019 , mis à jour le 26.10.2022

Marie Maurage a lâché une ferme en Hautes-Alpes pour produire des fromages au milieu de millions de personnes. De la bête au crottin, la ferme de la Tour des Pins opère en plein milieu des quartiers nord de Marseille.

Ferme de la tour des pins

. ©Ferme de la tour des pins

Produire des fromages au milieu des quartiers nord de Marseille

La route qui mène à la ferme de Marie Maurage respire le gazoil, emprunte l’autoroute et traverse des barres HLM. Puis d’un coup, elle croise un champ, sent le bouc et la paille et se termine sous des platanes centenaires. La ferme de la Tour des Pins se situe à 15 mn de la gare St Charles, au beau milieu des quartiers nord de la deuxième ville de France.

Située sur une terre historiquement agricole d’anciens riches propriétaires vivant dans de magnifiques bastides, elle témoigne aujourd’hui des possibilités de faire venir l’agriculture en ville, la production alimentaire au cœur du marché de consommation.

Marie Maurage de la Ferme de la Tour des pins

Une éleveuse-fromagère sur 6 ha 

Marie Maurage est un petit bout de bonne femme aux yeux très bleus. Mais ses mains racontent le dur travail à la campagne. La verdure à perte de vue, elle l’a plantée fin 2014 pour venir s’implanter dans une ferme à vertu pédagogique et à l’horizon saturé par de grands immeubles hideux.

« Ici, il y avait de l’eau, de la terre. Je ne fais que protéger le peu qui reste ».

Quasi seule pour exploiter 6 ha, cette éleveuse-fromagère produit grâce à 45 chèvres et 24 brebis quelque 40 000l de lait par an. Ses tommes et petits crottins, labellisés bio, partent dans les Biocoop, fromageries chics ou grandes tables gastronomiques du centre ville.

Marie se targue aussi de desservir l’OM, récemment converti au bio. Son ambition est de faire comprendre au citadin ce qu’il mange. « Ca n’est pas par hasard que je suis là », résume la fermière entre le moulage de trois faisselles, deux raccords de barrières et la remise en enclos d’une chevrette de 40kg.

Affinage du fromage à la ferme

La pédagogie mais pas que…

Une partie des journées est aussi consacrée à faire découvrir son activité au jeune public scolaire. Initier au fromage de chèvre affiné le palais d’ados habitués à la pâte à tartiner, c’est plus qu’une gageure. «Ces magnifiques photos qu’ils voient sur les packagings, c’est un leurre. On leur ment sur la construction de l’univers, c’est un peu inquiétant ».

Résistante au milieu de la ville défaillante, la fermière urbaine protège le peu de terre qui reste ici. Ex militante à l’association Bio en Provence – « parce qu’il faut faire des choses » – l’agricultrice se recentre désormais sur sa production en cité. « On a tué tous les Indiens et on en a gardé 4 dans une réserve. Pour moi le beau, c’est ce qui est vivant, ça n’est pas le beau sous cloche ».

Sujet à la mode s’il en est, l’agriculture en ville qu’elle pratique depuis 5 ans ne doit pas se résumer à planter dans des bacs à fleurs. « L’on pourrait alimenter les cantines. Cette micro production doit se repenser à l’échelle d’une région ».

Dans deux ans, Marie Maurage atteindra l’âge de ranger les chèvres. Elle sait déjà qu’elle préfèrera la Bretagne à la Provence. Fatiguée de la paperasse, « vivement que je n’ai plus que mes hortensias et mes petites culottes à m’occuper », lance-t-elle.

 

La ferme de la tour des pins

? 2 traverse Cade, 13014 MARSEILLE

https://fermedelatourdespins.jimdo.com/

Entrée de la Ferme de la tour des pins

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